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IV. Syndrome de la kundalini
Il existe dans la tradition hindoue une
" énergie " appelée kundalini, symbolisée par un serpent
lové à la base de la colonne vertébrale, dont l’éveil puis l’ascension
ouvre les centres (6 ou 7 chakras selon les sources) qui sont répartis
le long de l’axe du corps. Ayant atteint le dernier chakra situé au sommet
du crâne, cette énergie éveille la conscience à une réalité supérieure.
Les pouvoirs (siddhis) que confère l’éveil de la kundalini sont ceux que
l’on retrouve chez les victimes d’une expérience de mort imminente (EMI)
ou d’un " enlèvement extraterrestre " (RR4) :
précognition, télépathie, clairvoyance, don de guérison, psychokinèse,
etc. [ESM92 p. 178, article de Jean-Pierre
Jourdan]. " Mais plutôt que les pouvoirs
extraordinaires acquis par son intermédiaire, les partisans […] mettent
l’accent sur l’apaisement et l’harmonie vivante que [la kundalini] confère.
L’énergie mystérieuse qu’éveille le yoga de la kundalini se révèle cependant
d’une violence inouïe et ne peut être manipulée sans faire encourir un
réel danger " [p. 178, citant Lilian
Silburn]. Les conséquences psychophysiologiques
de l’éveil de la kundalini constituent le " syndrome de la kundalini "
dont parle Kenneth Ring.
Jean-Pierre Jourdan résume ici comment I. Bentov
et L. Sannella décrivent les symptômes de l’éveil de la kundalini :
"Symptômes sensoriels : fourmillements,
vibrations ou sensation d’" énergie " localisées
puis montant le long de la colonne vertébrale, redescendant ensuite
dans la poitrine et l’abdomen, sensations orgasmiques (purement
sexuelles ou se répandant parfois dans tous le corps), douleurs
débutant et cessant brutalement, sensation de froid ou de chaleur
dans diverses parties du corps, perception de sons divers, de lumière
intérieure illuminant parfois le corps.
Symptômes moteurs : mouvements spontanés
des mains et du corps, contractions involontaires (anus, abdomen
et gorge), altération du rythme respiratoire, blocage ou paralysie
soudaine de certaines parties du corps.
Symptômes psychologiques : joie ou
extase soudaine, accès d’anxiété ou de dépression, accélération
de la pensée, expansion de la conscience au-delà des limites corporelles
[p. 184]."
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Il commente ainsi ces sensations :
"A chaque partie du corps correspond,
au niveau du cortex cérébral, une zone où l’influx nerveux se projette.
[…] Chaque partie du corps y est représentée en fonction de l’importance
de son innervation et non de sa taille, ce qui explique que la main
occupe une surface supérieure à celle du tronc. En avant de l’aire
sensitive, sur l’autre versant de la scissure de Rolando, se situe
l’aire motrice, où le corps est représenté de façon similaire. Si
une stimulation directe (électrique par exemple) est appliquée sur
l’aire du cortex correspondant à la main, elle sera perçue comme provenant
de celle-ci. Au niveau de l’aire motrice, la même stimulation provoquera
un mouvement du membre correspondant. […] On voit bien de quelle façon
le corps est représenté : en remontant, on trouve la zone génitale,
le membre inférieur, la hanche, le tronc, le bras et la main, la tête,
la face puis le larynx et une zone correspondant aux sensations intra-abdominales.
Or, dans les expériences que nous venons d’évoquer, les sensations
décrites suivent très exactement ce trajet. […] Itzhak Bentov avait
le premier remarqué cette analogie […]. […] Les symptômes décrits
semblent correspondre à un phénomène intéressant directement le cortex.
On retrouve en effet en corrélation avec les phénomènes sensitifs
(vibrations, picotements ou " énergie " montant
jusqu’au crâne puis redescendant par la gorge et l’abdomen) des mouvements
spontanés (décrits par la tradition yogique sous le nom de kriyas)
pouvant aller de simples secousses ou tremblements jusqu’à des mouvements
et des postures très précis des mains (mudra) et du corps (asanas),
et à des perceptions sensorielles, comme si ce phénomène avait tendance
à diffuser hors de l’aire sensitive [p. 185-186].
[…] Il serait alors logique de supposer que les gestes (mudra), poses
corporelles (asanas) et altération du rythme respiratoire (pranayama)
que pratiquent les yogis résulteraient de l’observation, dans l’antiquité,
d’" éveils " spontanés (dont ces phénomènes moteurs
sont un des corollaires), leur reproduction étant censée, par réciprocité
(l’effet devenant la cause), éveiller la kundalini [p. 188]." |
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Jean-Pierre Jourdan jette ici par son analyse un éclairage
fascinant sur un phénomène que connaissent de multiples traditions religieuses
dans le monde, outre la tradition hindoue, et que la psychologie occidentale
commence maintenant à intégrer.
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