| |
I. Le problème des satellites
Suite à un article paru dans
LDLN N° 354 [p. 26-27] où Joël
Mesnard et Pierre Beake rapportaient l’observation du " triangle "
du Col de Vence depuis
la banlieue de Poitiers, soit à plus de 600 km de son lieu
habituel d’observation mais toujours en direction du nord, cet ovni
nous est devenu particulièrement suspect. Déjà dans ce même numéro,
Pierre Beake signalait [p. 19] 5 apparitions
analogues de ce " triangle " au Col de Vence
depuis le 5 mars 1994. Ce chiffre pouvait être porté à 10 en
y ajoutant les 5 observations mentionnées ultérieurement [p. 19
et 22].
Ce comportement est tout à fait atypique des ovnis
que nous connaissons et qui méritent clairement cette appellation :
ceux-là ne se manifestent qu’une fois et ne sont visibles que localement.
En outre, ils montrent des anomalies dans leur comportement aérien.
A contrario, les satellites peuvent être visibles régulièrement,
à très grande distance, et de façon facilement reconnaissable, d’où
notre suspicion.
Contacté à ce sujet, Joël Mesnard opposa 3 arguments
intéressants à la possibilité que cet ovni soit un satellite :
-
En octobre, peu après l’heure de l’apparition
à 23h45, il ne devait pas être possible de voir un satellite
réfléchir la lumière du soleil car celui-ci se trouvait trop
bas sous l’horizon.
Vérification faite, le soleil était en effet
à environ -40° sous l’horizon à Poitiers (h = ~1 900 km)
et à -45° au Col de Vence
(h = ~2 600 km) lors des 2 observations
concomitantes du 4 octobre 1999, h étant la hauteur du cône
d’ombre à la verticale de l’observateur et donc en l’occurrence
l’altitude minimale d’un satellite situé au-dessus de l’observateur
pour qu’il soit en position de réfléchir la lumière solaire (pour
le calcul de h, voir deuxième
partie § 6). Or on sait qu’à part les satellites géosynchrones
situés à ~35 800 km d’altitude sur l’équateur, donc
en direction du sud pour un observateur français (et invisibles
à l’œil nu), la grande majorité des satellites se situe à moins
de 1 800 km d’altitude et n’est donc plus observable
à la verticale de l’observateur lorsque le soleil dépasse
-39° sous l’horizon.
-
Chacun des 3 points formant le " triangle "
était séparé d’un écart angulaire équivalent à ~3 fois
la taille apparente de la pleine lune (0,5°) soit une distance
de ~30 km pour 3 sources lumineuses qui auraient été
situées à 800 km d’altitude et observées à 45° sur l’horizon
(800 km x √2
x sin 1,5°). Il
fallait donc que ce soit plutôt 3 satellites qui passent
simultanément au même endroit dans le ciel, ce qui était assez
improbable.
-
Enfin, s’il s’agissait bien de satellites,
ceux-ci devaient être observables de toute la France, et de
nombreux autres témoignages auraient dû par conséquent parvenir
à LDLN.
Après analyse approfondie, ces 3 objections
nous semblent pouvoir être levées de la façon suivante :
Il existe pour les satellites un type d’orbite
particulier appelé " héliosynchrone " et " crépusculaire ".
L’héliosynchronisme caractérise une orbite circulaire dont le plan
conserve un angle A constant avec la direction terre-soleil. Cela
permet d’obtenir une heure solaire locale constante au passage en
un lieu donné et un balayage de presque toute la surface du globe,
l’orbite étant quasi polaire. L’orbite est dite crépusculaire pour
A = ~90° c’est-à-dire lorsque le plan de l’orbite est
quasi perpendiculaire à la direction terre-soleil (voir fig. I-a).
Pour ce faire, le satellite doit passer à la verticale de l’équateur
à ~06:00L (lire " environ 6h heure locale ")
lorsqu’il descend vers le pôle sud (nœud descendant) et à ~18:00L
lorsqu’il remonte vers le pôle nord (nœud ascendant), ou réciproquement
s’il tourne dans l’autre sens. Ce faisant, le satellite reçoit presque
toujours les rayons du soleil puisqu’il évolue à la verticale du
méridien qui sépare la nuit du jour (d’où le nom d’orbite crépusculaire),
ce qui facilite son alimentation en énergie. En outre, cela lui
évite de séjourner trop longtemps dans l’ombre de la terre et de
subir des variations de température importantes qui sont complexes
et coûteuses à gérer. Ce type d’orbite est pour ces 2 raisons
particulièrement prisé.
On le voit, il existe donc des satellites qui sont
en quasi permanence éclairés par le soleil. Ils peuvent évoluer
à des altitudes différentes, couramment entre 600 et 1 000 km,
tournant alors autour de la terre en 1 h 37 à 1 h 45
selon leur altitude, soit de 14,85 à 13,71 fois par 24 h.
Reste à étudier leur comportement pour déterminer s’ils sont observables
à toute heure de la nuit depuis la France, et dans quelle direction
du ciel.
La figure I-a résume les évolutions
d’un satellite à orbite héliosynchrone et crépusculaire en fonction
des saisons, en indiquant à peu près l’heure de passage aux nœuds,
c’est-à-dire à la verticale de l’équateur. Nous avons représenté
une orbite polaire comme étant la " moyenne "
des orbites utilisées : l’orbite est en réalité habituellement
inclinée de quelques degrés par rapport à la verticale des pôles
pour faciliter le maintien naturel de l’héliosynchronisme [d’après
FV97 p. 16-17, 22-25 et 38-49].
Fig. I-a : évolutions d’un
satellite à orbite héliosynchrone et crépusculaire
Revenons maintenant à l’observation du " triangle "
survenue le 4 octobre 1999 à 23h47 à Poitiers dans la direction
de l’étoile polaire, alors que cet ovni traverse le ciel approximativement
d’ouest en est. Le schéma de l’équinoxe d’automne fig. I-a
convient idéalement pour interpréter la situation. Nous en présentons
fig. I-b une vue transversale afin de calculer pour quelle
inclinaison de l’orbite et pour quelle altitude un satellite est
visible depuis la France au cœur de la nuit. Notons que ce même
schéma est valable pour l’équinoxe de printemps et que c’est précisément
aux abords des équinoxes que le " triangle "
est observé au Col de Vence.
Fig. I-b : calcul de l’inclinaison
de l’orbite et de l’altitude du satellite
L’orbite est dite ici " directe "
car le satellite tourne dans le même sens que la terre (par opposition
à une orbite dite " rétrograde "). On devine
que dans ce contexte, la possibilité de réflexion de la lumière
solaire sur le satellite augmente au solstice d’été alors que le
pôle nord est incliné vers le soleil, tandis qu’elle diminue au
solstice d’hiver.
En considérant une latitude moyenne de
45° pour la France,
on vérifie l’équation suivante pour i ≥ (45° + 45°/2)
soit pour i ≥ 67,5° :
|
Cos B = R/(R + h) avec
B Angle de l’orbite avec la latitude de la France
R rayon terrestre (~6350 km)
h altitude du satellite
et inclinaison i = B + 45°
|
|
Donc on a :
pour i ≥ 67,5° : hmin = (R/Cos
i - 45°) - R et
imax = ACos (R/(R+h)) + 45°
Et :
pour i = 67,5° : hmin = (6350/Cos
67,5°-45°) - 6350 soit hmin = 523 km
On vérifie l’équation suivante pour i
≤ (45° + 45°/2) soit pour i ≤ 67,5° :
|
Cos B’ = R/(R + h) avec
B’ Angle de l’orbite avec l’axe des pôles
et inclinaison i = 90° - B’
|
|
Donc on a :
pour i ≤ 67,5° : hmin = (R/Cos
90° - i) - R et
imin = 90° - ACos (R/(R+h))
|
Soulignons que ces formules ne sont valables aux équinoxes que pour
une orbite héliosynchrone crépusculaire directe dont l’ascension
droite du nœud ascendant est proche de 90°, ou symétriquement pour
une orbite rétrograde dont l’ascension droite est proche de 270°
(à condition de remplacer i par i’ = 180°-i). Mais elles
s’appliquent aussi à tout satellite dont l’orbite n’est ni héliosynchrone
ni crépusculaire, qui vient à survoler temporairement la France
d’ouest en est ou d’est en ouest au cours de l’évolution de son
orbite.
A titre d’exemple, les 66 satellites Iridium
dont les orbites ne sont pas héliosynchrones évoluent à h = ~780 km
et i = ~86,4°. Lorsqu’ils viennent à survoler la France
d’ouest en est, on a hmin = (6350/Cos 86,4°-45°) - 6350
= 2115 km. L’altitude trop faible de ces satellites ne
permet donc pas dans ce cas de les observer au milieu de la nuit.
Mais l’on comprend au vu de la figure I-b
qu’une alternative (fig. I-c) est possible lorsque le
satellite est observé se levant au nord et montant sur l’horizon :
Fig. I-c : alternative possible
Dans ce cas, l’orbite n’est pas nécessairement
héliosynchrone et n’est assurément pas crépusculaire. Bien sûr,
le satellite peut aussi être observé descendant vers l’horizon nord
s’il tourne dans l’autre sens.
Pour reprendre notre exemple des satellites Iridium,
lorsque ceux-ci survolent la France en provenance des pôles, ils
peuvent alors être observés au milieu de la nuit puisque leur altitude
dépasse la valeur limite de 523 km.
Pour lever la 2ème objection de
Joël Mesnard concernant la faible probabilité que 3 satellites
passent simultanément au même endroit dans le ciel, nous devons
à Fabrice Barraja (à la suite des recherches de James Oberg) d’avoir
proposé 3 triplets de satellites qui ont l’avantage d’évoluer
systématiquement en formation triangulaire. Ces triplets sont en
effet utilisés par l’US Navy pour le repérage par triangulation
des navires évoluant à la surface des océans. Ils ont en revanche
l’inconvénient d’être classés secret défense ce qui rend plus difficile
l’évaluation des paramètres de leur trajectoire orbitale. Ces satellites
ne sont ni héliosynchrones ni crépusculaires. Du fait de leur fonction,
ils ont été baptisés NOSS pour " Naval Ocean Surveillance
System " et leurs caractéristiques (non officielles) que
nous avons utilisées pour le 4 octobre 1999 sont les suivantes :
|
|
|
No USSPACECOM
|
Désign.
internat.
|
Nom
|
Lancement
|
Date des données
|
Altitude
(h)1
|
Inclinaison
(i)
|
Ascension droite du nœud asc.2
|
Rotations par jour
|
Magn.3
intrins.
/ max.
|
20691
|
90050C
|
NOSS
2-1 (C)
|
Juin 1990
|
14 sept
1999
|
946 x 1271 km
|
63,4°
|
253,85°
|
13,40
|
5,9
/ 5,0
|
20692
|
90050D
|
NOSS
2-1 (D)
|
Juin 1990
|
14 sept
1999
|
943 x 1275 km
|
63,4°
|
253,82°
|
13,40
|
5,9
/ 5,0
|
20642
|
90050E
|
NOSS
2-1 (E)
|
Juin 1990
|
14 sept
1999
|
947 x 1270 km
|
63,4°
|
253,16°
|
13,40
|
5,9
/ 5,0
|
20799
|
91076C
|
NOSS
2-2 (C)
|
Nov 1991
|
9 sept
1999
|
980 x 1238 km
|
63,4°
|
151,01°
|
13,40
|
5,9
/ 5,1
|
21808
|
91076D
|
NOSS
2-2 (D)
|
Nov 1991
|
9 sept
1999
|
978 x 1239 km
|
63,4°
|
nc
|
13,40
|
5,9
/ 5,1
|
21809
|
91076E
|
NOSS
2-2 (E)
|
Nov 1991
|
9 sept
1999
|
980 x 1238 km
|
63,4°
|
150,58°
|
13,40
|
5,9
/ 5,1
|
23908
|
96029C
|
NOSS
2-3 (C)
|
Mai 1996
|
28 sept
1999
|
1093 x 1124 km
|
63,4°
|
12,51°
|
13,40
|
5,9
/ 5,3
|
23862
|
96029D
|
NOSS
2-3 (D)
|
Mai 1996
|
28 sept
1999
|
1093 x 1124 km
|
63,4°
|
12,65°
|
13,40
|
5,9
/ 5,3
|
23936
|
96029E
|
NOSS
2-3 (E)
|
Mai 1996
|
28 sept
1999
|
1092 x 1125 km
|
63,4°
|
12,66°
|
13,40
|
5,9
/ 5,3
|
1
L’altitude n'est pas constante car la terre n’est pas tout
à fait ronde puisqu’elle est aplatie aux pôles à cause de
la force centrifuge.
2 Ascension droite du nœud ascendant : voir fig. I-a.
Les 2 satellites d’un triplet qui se suivent quasiment
sur la même orbite (ascension presque identique) forment
la base du triangle. Le troisième satellite qui est le sommet
du triangle évolue sur une orbite légèrement décalée qui
croise de ce fait les 2 autres au plus près des pôles.
3 Magnitude intrinsèque : à 1 000 km
de distance, illuminé à 50%.
Magnitude maximale : au périgée (point le plus proche
de la terre), illuminé à 100%.
|
|
|
|
Nous avons utilisé le logiciel SatSpy 3.03 de la
société Acappella Publishing pour évaluer pour chacune des dates
d’apparition lequel des 3 triplets avait pu être observé, comme
le résume le tableau ci-dessous :
Date
|
Heure civile
|
Durée
|
Direction d’observation (~NNO)
|
Mouvement
(vers le SE
ou le sud)
|
Réf. LDLN
|
NOSS
|
5 mars 1994
|
23:00C
|
1,5 à 2 min
|
Colle des Pouis
|
Montant, légèrement vers
la droite
|
N° 324 p. 24
|
2-1
|
5 sept
1996
|
~00:15C
|
~4 min
|
Colle des Pouis
|
Montant vers la droite
|
N° 340 p. 36
|
2-1
|
13 sept
1996
|
23:10C [LDLN
N° 356 p. 13]
|
nc
|
Colle des Pouis
|
Du nord vers le sud
|
N° 340 p. 37
|
2-1
|
26 fév
1998
|
23:57C
|
~15 sec
|
Colle des Pouis
|
Montant vers la droite
|
N° 348 p. 36
|
2-3
|
4 sept
1999
|
22:55C
|
~1 min
|
Colle des Pouis
|
Vers le sud
|
N° 354 p. 19
|
2-2
|
6 sept
1999
|
23:16C
|
4 min
|
Colle des Pouis
|
Vers le sud
|
N° 354 p. 19
|
2-2
|
7 sept
1999
|
22:35C
|
3 min
|
Colle des Pouis
|
Montant vers la droite
|
N° 354 p. 19
|
2-2
|
4 oct
1999
à Poitiers
|
23:47C
|
~1 min
|
Direction de l’étoile polaire
|
ONO vers ESE
|
N° 354
p. 26-27
|
2-1
|
4 oct
1999
au Col de Vence
|
23:47C
|
~2 min
|
Colle des Pouis
|
Montant vers la droite
|
N° 354 p. 22
|
2-1
|
7 oct
1999
|
23:28C
|
2 min
|
Colle des Pouis
|
Montant verticalement
|
N° 354 p. 22
|
2-1
|
Les résultats de cette analyse sont précis et fiables autant que
faire se peut, sachant que les données utilisées ici ne sont que
des données officieuses estimées par des astronomes amateurs.
Les orbites de chacun des 3 triplets à la
date du 4 octobre 1999 peuvent être représentées comme suit :
Fig. I-d : triplet NOSS 2-2
Fig. I-e : triplets NOSS
2-1 et NOSS 2-3
Toutes les orbites sont directes
et de même inclinaison. Les 3 satellites du deuxième triplet
(NOSS 2-2, voir fig. I-d) sont invisibles la nuit en France
car l’inclinaison devrait pour cela être supérieure à 90°, l’orbite
étant alors rétrograde. L’orbite du troisième triplet (NOSS 2-3,
voir fig. I-e et I-f) permet un passage à la verticale
de l’observateur puis descendant vers l’horizon au NNE. Le premier
triplet enfin (NOSS 2-1, voir fig. I-e et I-f), s’élève
au-dessus de l’horizon au NNO pour passer à la verticale de l’observateur
et c’est donc celui-ci que Joël Mesnard et Pierre Beake ont pu observer
le 4 octobre 1999. Il évolue approximativement comme
l’indique le schéma de Joël Mesnard en page 27 du N° 354
de LDLN, bien qu’il soit
un peu surprenant qu’il ait pu passer devant l’étoile polaire c’est-à-dire
plein nord. Son évolution théorique semble mieux correspondre
à ce qui fut observé simultanément au
Col de Vence par Fabrice Barraja [p. 22].
Fig. I-f : triplets NOSS 2-1
et NOSS 2-3
Les 3 satellites étaient visibles
ce soir-là à 23h47, à l’œil nu bien que difficilement, la magnitude
de 6,0 étant habituellement considérée comme la valeur limite
de luminosité observable à l’œil nu. Ils sont stables car encore
en service à ce jour, et par conséquent ne clignotent pas. On note
que l’écart angulaire observé par Joël Mesnard équivalant à ~3 fois
la taille apparente de la pleine lune vaut au minimum ~40 km
pour 3 sources lumineuses situées à 1 100 km d’altitude
et observées à 45° sur l’horizon (1100 km x √2
x sin 1,5°).
C’est plus que la distance qui doit tendre vers 0 km au plus
près des pôles, puisque le triangle s’aplatit pour devenir un alignement
de 3 points dès lors que les orbites se croisent. Il est vrai
cependant que le triplet est déjà à 31,5° du pôle nord dans le
plan de l’orbite (ACos (6350 km / (6350 km+1100 km))
– voir fig. I-e) et que la distance maximale entre le sommet
et la base du triangle doit atteindre 86 km lors du passage
à l’équateur, c’est-à-dire à 90° du pôle dans ce même plan, puisque :
(((6350 km+1100 km) x 2π
) |
/ 360°) |
x |
(253,82°-253,16°) |
= 86 km |
Périmètre de l’orbite |
|
|
Écart
angulaire entre les orbites à l’équateur (ascensions droites) |
|
Pour terminer et répondre à la 3ème objection
de Joël Mesnard concernant l’étrange absence d’autres témoignages
sur le territoire français, nous citerons 1 cas d’observation
possible du fameux " triangle " présenté dans
le même numéro de LDLN,
cas que nous avons trouvé lors de l’examen rapide de cette objection.
Mais il en existe certainement d’autres, y compris dans d’autres
pays que la France, comme l’a signalé James Oberg.
Date
|
Heure civile
|
Durée
|
Direction d’observation
|
Mouvement
|
Réf. LDLN
|
NOSS
|
30 oct
1999 à Sarrazac (Lot)
|
~20:10C
|
bref
|
Au-dessus
de la Grande Ourse
|
Non précisé
|
N° 354
p. 23
|
2-3 ?
|
En reprenant ultérieurement l’examen de tous les cas analysés dans
notre étude, nous avons isolé 3 cas supplémentaires de méprise
possible avec un triplet NOSS :
Date
|
Heure civile
|
Durée
|
Direction d’observation
|
Mouvement
|
Réf. LDLN
|
NOSS
|
3 déc 1990
à Cuincy (Nord)
|
~22:45C
|
Très bref
|
Vers l’est
|
Non précisé
|
N° 307
p. 33
|
2-1 ?
|
7 juil 1994
à Saint-Barnabé, Vence (Alpes-Maritimes)
|
~04:55C
|
Non précisée
|
Vers l’est
|
Sud vers nord
|
N° 327
p. 27
|
2-2
|
13 août
1998 à Fragnes
(Saône-et-Loire)
|
23:10C
|
6 à 7 sec
|
Non précisé
|
Nord vers
est
|
N° 350
p. 25
|
2-1 ?
|
Il reste néanmoins certains détails qui tendaient à accréditer la
thèse de l’ovni pour le " triangle " observé
au Col de Vence et sur
lesquels il nous faut revenir :
|
Le 5 mars 1994, examinant le " triangle "
à la jumelle, Pierre Beake distingue une masse noire
entre les points lumineux, sans doute le fruit de son imagination
puisque les autres témoins ne la voient pas. En outre, il
estime après coup la distance séparant les points du
triangle à ~7 cm à bout de bras, ce qui équivaut à plusieurs
centaines de kilomètres ! Mais les témoins rapportent
aussi l’interruption inopinée des aboiements alentour lors
de l’apparition, ainsi qu’une fatigue anormale au cours des
jours suivants.
|
|
Le 7 juillet 1994, " […] un
extraordinaire et presque effrayant silence a régné sur le
plateau. Plus un seul chant d’oiseau. Ni tintement des clochettes
de troupeaux de chèvres évoluant dans les parages… "
(cette impression de silence a cependant été contestée par
l’un des témoins).
|
|
Le 5 septembre 1996, la nature environnante
est parfaitement silencieuse puis la faune s’anime curieusement
après l’apparition.
|
|
Le 13 septembre 1996, le " triangle "
s’immobilise durant " une bonne minute ".
Dix minutes après sa disparition, les témoins aperçoivent
en direction de Coursegoules " un énorme flash "
puis " 2 boules lumineuses évoluant en zigzag ".
Il se produit ensuite dans le village de Coursegoules une
panne de courant qui dure environ 5 minutes.
|
|
Le 26 février 1998, les témoins signalent
une période d’immobilité puis une rotation du " triangle "
de ~60° juste avant sa disparition, mais on peut raisonnablement
envisager ici une erreur d’interprétation. 30 minutes
plus tard, un point lumineux qui peut être qualifié d’ovni
apparaît " dans un silence total ". Plusieurs
photographies prises ce soir-là présentent des taches lumineuses
ou des volutes de fumée, phénomène que nous avons étudié au
§ 11 de la deuxième
partie de cet ouvrage ainsi qu’en
annexe F.
|
|
Le 7 septembre 1999, un changement de
cap semble aussi se produire, sans doute une nouvelle erreur
d’interprétation.
|
Tout en déplorant les quelques erreurs mises en
évidence dans ces rapports d’observations faites au
Col de Vence, il nous faudrait pour pouvoir expliquer certaines
de ces anomalies (fatigue ou silence anormal,
taches photographiques, autres phénomènes lumineux…) envisager
de nouveau l’intervention de nos manipulateurs familiers qui profiteraient
du passage des 3 satellites incriminés à une heure qu’ils ont
pu calculer à l’avance. A moins qu’il ne s’agisse que de coïncidences
et que ces effets soient dus à une forte perturbation naturelle
du champ géomagnétique
local.
En conclusion, nous
retiendrons que lorsqu’un " triangle " formé
de 3 points lumineux est observé en France en direction du
nord au milieu de la nuit, ce phénomène ne mérite sans doute plus
l’appellation d’objet volant non identifié. Cela n’exclut pas que
ces paramètres de reconnaissance puissent varier et il nous faudra
désormais être plus exigeant face à un groupe de points lumineux,
fixes ou clignotants, se déplaçant linéairement à vitesse constante
et sans bruit dans le ciel. Rappelons que le clignotement des satellites
est imputable à la rotation de certains d’entre eux qui ne réfléchissent
alors le soleil que par intermittence sous forme de flashs d’intensité
et de couleur variées, avec une périodicité parfois complexe dès
lors que plusieurs éléments réfléchissants peuvent être impliqués,
que l’axe de rotation peut différer de l’axe longitudinal de l’objet,
que sa forme est variable et que le satellite se déplace par rapport
à l’observateur et au soleil. Certains de ces flashs produits par
les satellites Iridium, qui sont exceptionnels de ce point de vue,
peuvent atteindre 20 fois la luminosité de Vénus ! Ce
modèle de satellite est d’ailleurs tellement réfléchissant que ceux-ci
peuvent même être observés de jour à travers une couche de nuages.
C’est donc sans doute encore un satellite (en rotation) qu’ont aperçu
Joël Mesnard et Pierre Beake le 4 octobre vers 23h30 à Poitiers
(soleil à -38°), peu avant l’apparition du " triangle "
[p. 26]. Fort heureusement,
Joël Mesnard est habituellement prudent vis-à-vis de ce genre d’observations
avant de les qualifier d’ovni. Soulignons ici combien il nous semble
important d’identifier rapidement ce type de " faux "
ovnis car ceux-ci encombrent l’ufologie et diminuent vis-à-vis de
la communauté scientifique la crédibilité des cas de " vrais "
ovnis, pour lesquels aucune explication simple n’est disponible.
Cette possibilité de confusion avec un satellite
est sans trop d’incidence sur notre étude statistique qui est quantitative
et ne tient pas compte de la " qualité " de
l’ovni observé (hormis pour les imitations de
skytracers pour lesquels nous avions effectué un filtrage préalable
de quelques cas peu convaincants ou inexploitables – voir
annexe B § XXVII). Nous avons toutefois réexaminé
si certains des cas d’ovnis avec effet ECL
pouvaient être attribués en seconde analyse au passage de satellites,
voire à une autre source de confusion telle qu’un avion, une rentrée
atmosphérique, le soleil, les planètes Vénus ou Jupiter, ou une
fusée de détresse (les cas de confusion avec la lune étant traités
à part – voir ci-dessous § II).
8 cas avec effet ECL
sur les 27 cas rencontrés hors vague du
5 novembre 1990 sont ambigus de ce point de vue, tel que
celui du " triangle " apparu au
Col de Vence le 5 septembre 1996. Comme on pouvait s’y
attendre, cela est sensiblement contrebalancé par le fait qu’environ
70 cas sans effet ECL
retenus pour les statistiques présentent ce même type d’ambiguïtés
(~70/17 = ~4). On ne peut malheureusement en dire autant
pour les 3 cas ambigus avec effet EC2,
pour lesquels nous sommes contraint de conclure à la volonté d’imitation
de rentrée atmosphérique de la part des auteurs d’ovnis.
On notera que dans l’absolu, l’effet ECS
peut par nature inciter à qualifier d’ovni un simple satellite,
ce dernier pouvant facilement refléter le soleil se couchant à l’horizon
opposé. La signification de cet effet s’en trouve en théorie légèrement
amoindrie, sauf à vérifier scrupuleusement pour chaque cas avec
ECS que l’ovni observé
ne pouvait être un satellite. En effectuant une vérification pour
tous les cas analysés dans notre étude, nous avons trouvé 12 cas
de méprise possible avec un satellite ou un triplet de satellites,
un seul étant associé à un effet ECS.
10 de ces cas sont rattachés au
Col de Vence (voir
annexe B § XXIV) ce qui suggère que les informations
en provenance de ce site auraient mérité d’être filtrées plus rigoureusement
par la revue LDLN.
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