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4. Le rôle de l'armée English translationLe phénomène OVNI s’est développé spontanément il y a plus de cinquante ans dans le sillage de la littérature de science-fiction, à la suite de l’observation par Kenneth Arnold en juin 1947 des toutes premières " soucoupes volantes ". L'armée américaine a su rapidement tirer parti de l'engouement ainsi suscité dans le public et elle s'est depuis lors appliquée à nourrir la croyance aux extraterrestres, jusqu'à entretenir faussement l’idée qu’elle cherche à dissimuler sa connaissance de l’origine extraterrestre des ovnis. Certains, composant la " lunatic fringe " c’est-à-dire la " frange hystérique ", vont même jusqu’à penser que l’armée américaine a conclu un pacte avec les extraterrestres pour échanger des informations technologiques contre l’autorisation d’enlever des humains ! En réalité, c’est l’armée elle-même qui est la source de ces rumeurs [JV90b p. 227-228]. Les armées des grandes puissances peuvent avoir intérêt à entretenir la croyance aux extraterrestres pour les raisons suivantes :
L’ensemble de l'utilisation du phénomène OVNI par l’armée américaine tel qu’il transparaît dans cet ouvrage est résumé en troisième partie au § 6. Les motivations qui viennent d’être exposées ci-dessus et qui tendent à montrer que ce sont les services secrets qui tirent les ficelles doivent bien sûr rester insoupçonnables. Pour ce faire, la stratégie à suivre par l’armée est simple : il faut nier le phénomène systématiquement. Ainsi :
Grâce à cette stratégie, le débat peut rester manichéen à travers les médias : les soucoupes volantes sont un canular et les ufologues sont de doux dingues ou, à l'opposé, les extraterrestres existent bel et bien et le gouvernement le sait. La vérité qui se cache entre ces deux positions extrêmes reste méconnue du grand public, et, tandis que les rationalistes et les ufologues se battent par médias interposés et se gaussent des thèses adverses lors de leurs réunions amicales, l’armée poursuit impunément au cœur de nos démocraties ses opérations financées par l’argent public. L'armée souhaite évidemment dissuader les chercheurs officiels ou privés, mais aussi la police, de se mêler d’enquêter sur ces phénomènes OVNI dont elle est l’instigatrice. C’est ainsi par exemple que peu après le début de l'affaire Roswell en 1947, l'US Air Force demanda au FBI d'enquêter sur des cas d'ovni qu'elle avait montés à l’intention des agents fédéraux. Les agents du FBI découvrirent que les " ovnis " en question étaient des lunettes de WC et des couvercles de poubelles et ils furent écœurés, ce qui était bien un des objectifs de l'USAF [cf JS90 p. 107-110 dont l'analyse est différente mais complémentaire]. Plus tard, le FBI fut à nouveau dégoûté après une enquête sur le faux document du MJ-12 [cf JV90b p. 323]. Toujours pour écarter les gêneurs, l'armée tend des pièges aux chercheurs en construisant de faux cas alléchants ou en leur annonçant qu'elle souhaite leur faire des révélations importantes sur les ovnis, pour réussir ensuite à les ridiculiser et à les discréditer [JV90b p. 40-68, 119-120 et 226-227]. Les faux cas mis en scène par l'armée peuvent contenir un détail absurde qui permettra ultérieurement de ridiculiser le chercheur qui aura accepté ce détail de bonne foi. On peut citer par exemple le cas du Pr Jean-Pierre Petit, pourtant directeur de recherche au CNRS, qui raconte avec une crédulité inattendue comment les extraterrestres de la planète Ummo furent très intrigués de découvrir près du lieu de leur premier atterrissage des excréments humains recouverts de papier journal. Cette première découverte d’un document " historique " aurait été ensuite ramenée sur Ummo et conservée avec le plus grand soin [JPP95 p. 161-162]. L'affaire Ummo semble en réalité avoir été montée par le KGB qui utilisait un groupe d’universitaires espagnols comme couverture, puisque les messages que recevait Jean-Pierre Petit étaient toujours authentifiés par une information normalement connue de lui seul [JPP95 p. 220, 224 et 228] que seuls des services secrets pouvaient obtenir, tandis que le contenu pacifiste et pro-communiste que certains de ces messages diffusaient en occident servait clairement les intérêts de l’URSS. La CIA infiltre aussi les groupes d'ufologues [JV90b p. 229] pour repérer ceux qui sont plus malins que les autres et qu'il serait bon de discréditer avant qu'ils ne deviennent dangereux. Nourrir la médisance permet en outre d'entretenir une zizanie fratricide très présente dans ce milieu. Comme on le voit, l'opposition classique " Forces gouvernementales qui savent la vérité : les extraterrestres existent " et " Public et chercheurs privés à qui on cache la vérité " ne tient pas. Il s'agit plutôt de " Cellule des services secrets de l'armée qui manipule " et " Public, chercheurs privés et gouvernementaux, médias, police, armée de base et membres du gouvernement qui sont manipulés ". Jacques Vallée signale en outre le " lien qui existe entre les partisans les plus ardents du contact extraterrestre et l'extrême droite américaine, antisémite et néonazie " [JV90b p. 321] ce qui pourrait être à l'origine d'une dérive chez quelques membres des services secrets américains. On peut aussi envisager une infiltration de ces services par une puissante secte telle que Moon ou la scientologie dont le grand gourou arrivera bientôt sur terre en soucoupe volante pour sauver l'humanité. De telles tentatives d’infiltration ont déjà été démasquées [JV90b p. 120, qui mentionne aussi l'organisation néo-fasciste de Lyndon La Rouche]. Ces idées peuvent être retournées par les rationalistes pour encourager l’amalgame entre ovnis, sectes et fascisme, et pour discréditer ainsi la recherche ufologique, ce qui sert une fois encore les objectifs de l’armée. La CIA et le FBI ont reconnu encourager la croyance aux ovnis pour mieux dissimuler leurs activités, mais les deux agences ne se sont pas étendues sur les modalités de cette manipulation du public et elles en ont minimisé l'ampleur. Nous nous attacherons dans la deuxième partie de ce livre à rechercher les preuves formelles de cette gigantesque manipulation orchestrée par l’armée. Mais qu’il nous soit permis d’insister sur le fait que nous ne parlons ici que des armées des grandes puissances, comme nous y invite clairement " l’attitude exemplaire des autorités belges, civiles et militaires, qui ont fait preuve d’une remarquable objectivité et n’ont pas craint de collaborer avec les ufologues " lors de la grande vague d’ovnis sur la Belgique de 1989 à 1993 [LDLN N° 301 p. 3]. Une telle attitude d’ouverture et de collaboration est (et à toujours été) totalement inenvisageable aux Etats-Unis, en France ou en Grande-Bretagne, où le phénomène OVNI prend sa source. |
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