|
|
46. Analyse statistique des
données
Pour l’analyse statistique, les cas nocturnes étudiés
sont répartis en 2 catégories principales selon que le ciel
est dégagé ou couvert. Les cas diurnes sont traités à part.
Observations nocturnes
Le détail des calculs et des résultats est présenté
en annexe C § I.
Un correctif est apporté en
annexe E § 2 et § 3.
L’étude statistique porte dans un premier temps
sur le nombre d’effets ECS
ou ECL de chaque catégorie,
rapporté au nombre total de cas de la catégorie. Lorsqu’un cas rencontré
inclut partiellement un effet ECS
ou ECL, il est comptabilisé
comme utilisant cet effet si celui-ci est présent à plus de 50%
du temps par rapport à la durée de l’apparition (ou par rapport
à la durée de la plage horaire de l’apparition quand l’heure n’est
pas connue avec précision). Les durées indiquées en minutes sont
arrondies à la demi-minute supérieure. Une durée " brève "
ou de " quelques secondes " est donc comptée
pour 0,5 minute. Une durée de " quelques minutes "
est comptée pour 5 minutes.
Les résultats obtenus avant même de comptabiliser
la vague du 5 novembre
1990 et malgré le biais défavorable rencontré lors de l’étude
de la vague de 1954 (voir § 17
ci-dessus) sont significatifs et bien différents des valeurs naturelles
que l’on aurait dû trouver. On obtient 10,2% d’effets ECL
contre 5,8% (1,75 fois plus que la valeur naturelle), 42,5% d’effets
ECS contre 35% (7,5 points
de plus que la valeur naturelle) et 3% d’effets EC2
contre 0,6% (5 fois plus que la valeur naturelle). En ce qui
concerne les cas nocturnes à ciel couvert, on obtient 0% d’effets
ECL contre 5,8% et
31,3% d’effets ECS
contre 35% (3,7 points de moins que la valeur naturelle),
ce qui s’expliquerait, comme nous l’avons vu, par l’inutilité de
ces effets dans ce contexte.
Les apparitions nocturnes d’ovnis semblent donc
profiter plus souvent (11,2 points d’écart) de l’effet ECS
lorsque le ciel n’est pas couvert, ce qui semble symptomatique du
stratagème utilisé pour leur production, sauf à prouver qu’il existe
un phénomène météorologique tel que le ciel se couvre plus facilement
lorsque le soleil dépasse -18° sous l’horizon. Au cours de la nuit,
le refroidissement de l’atmosphère condense-t-il l’humidité ambiante
pour générer une couverture nuageuse dont la densité serait maximale
lorsque le soleil est loin sous l’horizon ? Le mécanisme de
formation des nuages semble beaucoup plus complexe que ne le laisse
supposer cette improbable objection. On peut cependant regretter
le nombre insuffisant de cas à ciel couvert étudiés pour pouvoir
aboutir à une conclusion véritable. En outre, l’effet ECS
étant par définition lié au coucher et au lever du soleil, astre
dont le mouvement est lui-même fortement lié à l’activité humaine,
on peut craindre une influence possible de ce lien sur la corrélation
recherchée entre le mouvement du soleil et les observations d’ovnis.
Par exemple, on peut supposer que les humains sortent moins en pleine
nuit que lorsque le jour décline, ou qu’ils sortent moins lorsque
le ciel est couvert, ce qui diminue ainsi le nombre de témoins potentiels
dans ces contextes-là. Si cette supposition légitime pourrait permettre
de rendre compte du trop grand nombre d’effets ECS
rencontrés par nuit à ciel dégagé et de la rareté des observations
d’ovnis par temps couvert, elle est néanmoins contredite par la
relative surabondance d’observations par temps couvert au beau milieu
de la nuit (voir ci-dessus
§ 41 les cas d’imitation des skytracers). Il est ici utile
de rappeler que dans de nombreux cas étudiés, on a vu que le phénomène
OVNI semble choisir les témoins à qui il souhaite se montrer, auquel
cas ce n’est plus le hasard qui fait qu’un ovni est aperçu, et le
nombre de témoins potentiels n’a alors plus d’influence sur le nombre
d’observations.
Les résultats les plus frappants
restent ceux liés au mouvement de la lune puisque celui-ci est pseudoaléatoire
et indépendant des activités humaines à quelques rares exceptions
près : astronomes observant le ciel, marins se levant avec
la marée… Nous avons rencontré 27 effets ECL
sur 266 cas étudiés (hors vague du
5 novembre 1990) alors qu’il aurait normalement fallu étudier
459 cas (27 x 17)
pour en rencontrer autant. De même, il aurait normalement fallu
étudier 1 360 cas (8 x 170)
et non 266 pour rencontrer 8 effets EC2.
Ce dernier résultat est le plus remarquable et c’est dans cette
direction que devront se poursuivre les efforts de recherche, même
si l’on se souvient que sa raison d’être n’est pas pour nous totalement
étayée (voir ci-dessus
§ 8 les données photométriques).
Nous pouvons évaluer la valeur statistique des
pourcentages trouvés de la façon suivante :
Nous avons
rencontré 27 cas d’ECL
sur 266 cas étudiés au lieu de 15,65 (266/17) ce
qui aurait été la moyenne escomptée. La probabilité que
ce fait soit dû au hasard est de 1 chance sur
625 (1,6‰) et se calcule ainsi :
|
L’écart
type σ (sigma) vaut : |
|
soit 3,84 |
et notre écart par rapport
à la moyenne est de 27-15,65 = 11,35 soit 2,95 σ.
Or la probabilité
de trouver un écart inférieur à 2,95 σ
est de 0,9984 d’après la table de fonction de répartition
de la loi normale réduite. La probabilité de trouver une
valeur supérieure ou égale à 2,95 σ
est donc de 1-0,9984 soit 1,6‰ ou 1 chance sur 625.
|
Nous avons
aussi rencontré 8 cas d’EC2
sur 266 cas étudiés au lieu de 1,56 (266/170) ce
qui aurait été la moyenne escomptée. La probabilité que
ce fait soit dû au hasard est d’environ 1 chance
sur 10 millions et se calcule ainsi :
|
L’écart
type σ vaut : |
|
soit 1,25 |
et
notre écart par rapport à la moyenne est de 8-1,56 = 6,44
soit 5,15 σ.
Or la probabilité
de trouver un écart inférieur à 5,15 σ
est d’environ 0,9999999 d’après la table de fonction de
répartition de la loi normale réduite. La probabilité
de trouver une valeur supérieure ou égale à 5,15 σ
est donc approximativement de 1-0,9999999 soit 1 chance
sur 10 millions.
|
Rétrospectivement, nous avons réexaminé les 8 cas
avec effet EC2 pour
découvrir qu’ils étaient tous à témoins multiples. Notons que nous
avons considéré que lorsque nous avions éliminé une observation
qui était trop proche d’une autre dans l’espace et dans le temps,
nous pouvions alors légitimement parler d’une apparition unique
à témoins multiples. Nous avons aussi réexaminé les 27 cas
avec effet ECL pour
constater qu’ils étaient à ~80% à témoins multiples. C’est ainsi
que, très grossièrement, si nous n’avions retenu pour ces statistiques
que les cas à témoins multiples, soit approximativement 2 cas
sur 3 d’après un décompte effectué sur 115 témoignages
[LDLN N° 339 p. 36-38], en arguant
par exemple de leur meilleure fiabilité, nous aurions obtenu 8 EC2
sur 177 cas soit 4,5% (au lieu de 3%) et 21 ECL
sur 177 cas soit 11,9% (au lieu de 10,2%) ce qui aurait donc
amélioré nos résultats. NB : 266 x 2/3 = 177.
Lorsque l’on intègre la grande vague du
5 novembre 1990 au calcul, la distorsion entre probabilité
naturelle et résultats obtenus s’accentue radicalement. On obtient
21,1% d’effets ECL
contre 5,8%, 50% d’effets ECS
contre 35% et 13,5% d’effets EC2
contre 0,6%. Rappelons que ces pourcentages auraient encore augmenté
si nous n’avions omis volontairement d’étudier les 175 autres
observations similaires de cette vague qui sont présentées dans
le N° 304 de la revue LDLN.
Ces résultats suggèrent que la lune et sans doute
aussi le soleil se trouvent bien dans une configuration particulière
lors de l’apparition des phénomènes OVNI lumineux. Nous avons tenté
d’expliquer pourquoi mais on pourra toujours objecter que, si la
corrélation que nous avons recherchée est bien avérée, on peut encore
s’interroger sur sa signification réelle. S’il ne s’agit pas de
la mise en œuvre d’un stratagème visant à la production de leurres
lumineux par l’armée, alors il faudra trouver une autre explication
au fait suivant :
Lors
d’une apparition d’un ovni lumineux dans le ciel, il arrive
au moins 5 fois plus souvent qu’il ne devrait
que le soleil soit entre -8° et -18° sous l’horizon, alors
que la lune se trouve entre 2° et -4° à l’horizon opposé. |
Nous pensons sincèrement qu’il sera difficile de
trouver une explication autre que celle que nous avons proposée,
car cette anomalie est vraiment très typée, et elle est symptomatique
du fait que la luminosité du soleil et celle de la lune se complèteraient
judicieusement dans cette configuration. Quant au fait que ce sont
les armées des grandes puissances qui mettent en œuvre le stratagème
que nous avons décrit, nous ne pouvons pas le certifier si ce n’est
qu’à notre connaissance, seule ces armées disposent de la motivation,
de l’organisation et des moyens humains, techniques et financiers
requis.
Dans un deuxième temps, nous avons essayé de pondérer
chaque cas selon la qualité de l’apparition. On pouvait en effet
penser qu’un ovni non fugitif et clairement observé ferait souvent
usage d’un effet de contraste ECS
ou ECL, et que ces
effets seraient exploités pour une apparition de longue durée. Cette
pondération devait donc faire apparaître des résultats encore plus
significatifs. La proximité, la taille, la luminosité et la durée
d’un phénomène reflètent son caractère " non fugitif ".
Malheureusement, il était difficile d’étalonner objectivement ces
paramètres, hormis la durée. Nous nous sommes donc contenté de pondérer
chaque cas par ce dernier paramètre. Lorsqu’un cas rencontré incluait
partiellement un effet ECS
ou ECL, il fut comptabilisé
avec et sans cet effet au prorata de la durée de l’apparition.
Les résultats obtenus sont plutôt décevants pour
plusieurs raisons :
|
De nombreux effets ECS
ou ECL sont
utilisés pour une apparition brève, du fait de l’imitation
fréquente d’une rentrée atmosphérique. Cela fait s’effondrer
l’hypothèse que ces effets seraient essentiellement associés
à des ovnis non fugitifs. C’est la raison principale de la
relative faiblesse des résultats lorsque la durée est prise
en compte.
|
|
Très souvent la durée de l’observation n’est
pas indiquée. Hormis les cas signalés où l’estimation de cette
durée était simple et sans équivoque, nous n’avons pas essayé
d’évaluer la durée d’après le rapport d’enquête, car cela
risquait d’introduire un facteur de subjectivité. Plus de
90 cas sont ainsi ignorés par le calcul. On pourrait
croire que les cas avec effet ECS
ou ECL qui sont
omis sont compensés statistiquement par les cas sans effet
de contraste où la durée est elle aussi inconnue, mais il
n’en est rien. Rappelons que pour un cas avec effet ECL
ignoré, on pourrait en ignorer 16 sans effet ECL
(à durée égale) afin de respecter la probabilité naturelle
de l’effet ECL
(1/17). Cela est vrai a fortiori pour l’effet EC2
(1/170) et dans une moindre mesure pour l’effet ECS
(1/3). En remplaçant chaque durée inconnue par une durée de
0,5 minute, les pourcentages ont cependant très peu augmenté,
ce qui indique une influence malgré tout modeste de cette
difficulté sur le résultat (voir pourquoi ci-dessous).
|
|
Les nombreuses observations brèves (0,5 minute)
avec effet ECS
ou ECL sont
de peu de poids dans les statistiques globales. Il suffit
qu’une seule apparition sans effet de contraste ait
duré 2 heures (120 minutes, soit l’équivalent de
240 apparitions brèves) pour compenser statistiquement
15 effets ECL
(240/16) ou 120 effets ECS
(240/2). En supprimant le cas de Vivier-au-Court et Vrigne-aux-Bois
(Ardennes) qui dure 150 minutes sans utiliser d’effet
de contraste ECS
ou ECL, le pourcentage
de la durée des effets ECS
a augmenté de 3,6 points ce qui indique une influence
certaine sur le résultat.
|
|
L’effet ECL
est intrinsèquement limité à 42 minutes ce qui diminue
spontanément les chances de trouver des ECL
de longue durée.
|
|
Les cas d’enlèvement, qui ont plutôt tendance
à avoir une durée significative, seraient trop facilement
trahis par un effet ECL.
Les militaires doivent sans doute éviter autant que possible
la présence de cet effet pour ces cas où le maintien du secret
est essentiel. L’effet ECL
de longue durée est donc à nouveau spontanément défavorisé.
|
L’ensemble de ces causes explique que cette tentative
de pondération d’un cas par sa durée donne des résultats bien moins
significatifs que lorsque chaque cas se voit attribuer le même poids.
Nous avons aussi examiné l’éclairage de la lune
lorsqu’un effet ECL
est présent. Cet éclairage devrait normalement être aléatoire et
avoir donc une valeur moyenne de 50%. Mais l’efficacité de l’effet
ECL n’est garantie
que si la lune est plutôt lumineuse, ce qui justifie que nous ayons
trouvé un éclairage moyen de 75,2% (contre 50%), qui atteint même
85,8% lorsqu’on intègre la vague du
5 novembre 1990 dans le calcul. Ce résultat est lui aussi symptomatique
du stratagème utilisé. Nous pouvons tenter d’en évaluer la valeur
statistique en regroupant les 27 cas d’ECL
retenus selon les 4 tranches d'éclairage de la lune pour lesquelles
nous avons calculé la probabilité naturelle (voir ci-dessus
§ 5 notre étude de l’éclairage de la lune). On obtient
le tableau suivant :
Éclairage
de la lune lors de la présence de l’effet ECL
|
0
à 15%
|
15%
à 50%
|
50%
à 85%
|
85%
à 100%
|
|
2%
13%
|
26%
45%
28%
|
79%
78%
69%
57%
56%
66%
|
97%
100%
95%
91%
91%
91%
91%
95%
96%
99%
95%
95%
95%
89%
98%
93%
|
Répartitions
des 27 valeurs
|
2
|
3
|
6
|
16
|
Probabilité
naturelle
|
25%
|
25%
|
25%
|
25%
|
Le déséquilibre est déjà flagrant dans le tableau
ci-dessus, mais sa valeur peut être calculée comme suit :
Nous avons
rencontré 16 cas d’ECL
avec une lune éclairée à plus de 85% sur 27 cas étudiés,
au lieu de 6,75 (27/4) ce qui aurait été la moyenne escomptée.
La probabilité que ce fait soit dû au hasard est d’environ
1 chance sur 30 000 et se calcule ainsi :
|
L’écart
type σ vaut : |
|
soit 2,25 |
et
notre écart par rapport à la moyenne est de 16-6,75 = 9,25
soit 4,11 σ.
Or la probabilité
de trouver un écart inférieur à 4,11 σ
est d’environ 0,99997 d’après la table de fonction de
répartition de la loi normale réduite. La probabilité
de trouver une valeur supérieure ou égale à 4,11 σ
est donc approximativement de 1-0,99997 soit d’environ
1 chance sur 30 000.
|
Le lecteur perspicace se demandera peut-être si
le fait que la lune soit située entre +2° et -4° sur l’horizon au
cours de la nuit (le soleil étant lui-même sous l’horizon) n’implique
pas intrinsèquement que la luminosité de la lune soit forte. On
peut répondre au contraire que les valeurs de forte luminosité de
la lune sont légèrement défavorisées dans ce contexte. En effet,
lorsque la lune est à -4° sous l’horizon, il est impossible pour
le soleil situé à l’horizon opposé de former avec elle un angle
de plus de 176° (180°-4°) et donc de l’éclairer à plus de 99,88%
(selon la formule simplifiée du § 5).
A contrario, le soleil peut dans ce contexte aussi bien être à 0°
qu’à -8° pour éclairer la lune à 0,12% ce qui favorise les valeurs
de faible luminosité. On note que lorsque la lune est à -2° ou +2°
sur l’horizon, ce déséquilibre se compense.
Observations diurnes
Le
graphe présenté ci-dessous (fig. 46-a)
indique la répartition des apparitions
diurnes en fonction de l’angle B du soleil sur l’horizon. Le
nombre total de cas est supérieur au nombre de cas diurnes rencontrés
dans notre étude (46) car nous avons pu comptabiliser plusieurs
angles pour le même cas diurne lorsque sa durée l’impliquait. Nous
n’avons en revanche pas comptabilisé les 2 cas dont la durée
excède 7 heures et qui couvrent de ce fait une plage angulaire
trop vaste pour ne pas déséquilibrer indûment les résultats.
|
|
|
|
Fig. 46-a :
analyse statistique des cas diurnes
|
|
|
|
|
On constate sur ce
graphe une nette attraction des cas vers les valeurs angulaires
proches de l’horizon (jusqu’à 18°) et dans une moindre mesure vers
les valeurs maximales atteintes par le soleil à son transit, qui
s’étalent de ~20° au solstice d’hiver à ~66° au solstice d’été en
passant par ~43° aux équinoxes (pour la France). L’attraction vers
les valeurs de transit n’est pas surprenante puisque le soleil ralentit
nettement son ascension avant d’inverser son mouvement vertical.
Il reste donc plutôt longtemps à ces hauteurs angulaires au cours
de la journée. En revanche, le soleil croise plus vite l’horizon
et l’apparition accrue d’ovnis à ce moment-là ne semble pas naturelle.
Sur les 46 cas diurnes étudiés, on rencontre 5 cas d’effet ECS
diurne soit 10,8 % des cas, à comparer à la valeur naturelle
de 3,9 %. On peut toutefois regretter que l’échantillon de
cas diurnes étudié soit trop petit pour pouvoir conclure véritablement.
|
|
|